DOMI - fin
En attendant,
Marcelle les initie, petit à petit, à l'âme de l'endroit. Mais tout cela, pour moi, c'est du passé... car je m'en suis allé.
Quelquefois
je disparaissais pendant plusieurs jours. Marcelle, qui en avait pris son parti, racontait, à qui voulait l'entendre : « Domi, il est allé courir les filles ! » Il est vrai que j'ai donné de ma personne pour que les descendants des labrits soient plus accueillants aux visiteurs.
Marcelle était souvent étonnée des endroits où on m'avait aperçu. Mais un jour, devenu sourd avec l'âge, j'ai été fauché par une voiture. Ma maîtresse, inconsolable, m'a fait enterrer non loin de la bergerie, au pied d'un cerisier.
Marcelle,
j'ai une vraie passion pour elle et même aujourd'hui où j'aurais dû rejoindre le Paradis des chiens, je l'attends. Elle est toute seule maintenant. Un autre berger prend soin des brebis.
Quelquefois,
quand elle sort sa chaise au soleil pour réchauffer un peu ses os, je viens doucement poser ma tête sur ses vieux genoux mais elle ne le sait pas. Un jour prochain, elle me rejoindra. Ses yeux si bleus me verront enfin et je gambaderai à sa rencontre. Respirant un grand coup, elle se redressera, souriante, et lancera les petits cris d'appel aux bêtes.
Alors,
escaladant le ciel au-dessus de la vallée, nous irons, en poussant devant nous le troupeau des nuages.