Besoin des autres...

Chaque fois que les voisins se réunirent sans l’avoir invité, il s’autorisa, malgré tout, à se présenter à ces fêtes de voisinage. Ne permettent-elles pas des rencontres inhabituelles par leur convivialité, des discussions plus enrichissantes que les rares congratulations quotidiennes ? Aussi, en apportant lui aussi quelques mets (faits maison) et deux bouteilles, il s’ajouta, chaque fois, au nombre des convives avec une bonne humeur bienveillante et sans tenir compte du fait que personne ne l’avait invité à participer. Ce qui, naturellement, ne l’empêchait nullement de s’interroger sur ce comportement, cette attitude. Était-elle collectivement concertée ou bien, était-ce une erreur, un oubli comme il s’en produit inévitablement lors de l’organisation de manifestations, même festives, chacun comptant aussi sur l’autre ? Personne, non plus, ne trouva à redire ou à lui faire quelques remarques plus ou moins désobligeantes. Au contraire, toujours, les échanges avec les uns et les autres furent non seulement courtois mais empreints d’une sympathie remarquable, d’une amabilité contagieuse. Ainsi, il finit, lui-même, par se poser quelques questions sur son propre comportement. Ne serait-ce pas lui, d’abord, qui serait responsable de cette réserve, cette tenue à l’écart ? Au fil des semaines, des mois, n’aurait-il pas, lui-même, tendance à vivre dans son cocon, ignorant quasiment les habitants du quartier, du village ? Refuserait-il, plus ou moins inconsciemment, à s’intégrer, à contribuer à la vie collective de sa commune ? Pourtant, pour s’épanouir, se réaliser, vivre agréablement, les êtres humains n’ont-ils pas besoin les uns des autres ?