EMOTIONS - ATELIER ECRITURE SEPT 20
ÉMOTIONS
La vie d’une personne, au début, c’est un grand verre d’eau claire qui prend bien la lumière, qui jette des éclats. Le flux de la vie y scintille comme un diamant. C’est cette lueur pure qui brille dans les yeux des enfants. Puis l’existence jette des gouttes de couleur dans cette transparence. Les premières expériences, les rencontres se déploient en longs filaments colorés. C’est beau, quelquefois moins…Tous ces possibles, tous ces tons juxtaposés qui tourbillonnent, c’est l’adolescence . Puis, peu à peu, une couleur dominante apparaît. Certains ont des vies bleues, d’autres s’agitent en orange, les malchanceux voient leur verre brunir progressivement. La bonne nouvelle c’est que si le hasard, le destin déversent sur vous une bonne dose de vinaigre, le premier choc passé, on réalise que l’onde s’éclaircit et qu’il va être possible d’accueillir des couleurs nouvelles.
Le jour où il fut fait prisonnier, il se fit beaucoup de reproches : l’insouciance,
voilà qui expliquait sa situation actuelle. Qu’est-ce qui lui avait pris de se relâcher ainsi ? Habituellement, toujours sur le qui-vive, il ne faisait confiance à personne, guettant le moindre bruit, se déplaçant discrètement, dormant d’un sommeil léger. Voilà, un bref moment d’inattention et paf, c’était trop bête ! Coffré ! Et pour combien de temps ? La pièce était sombre et humide. Un étroit soupirail grillagé, placé haut, y dispensait une lueur glauque. Dans un coin, avachi dans l’ombre, frissonnant, affamé, il sentit l’espoir glisser hors de lui.
Brutalement, un bruit de pas, des clés qui sonnent comme des chaînes et des voix qui se rapprochent. Et soudain, alors que tout son corps s’est tendu :
« Tu crois qu’il pourrait être là, le chat ?
- Minou... Minou ! »
Absolution...
Absolution de solution,
Résolution en régularisation,
Détermination de déminage de terrain,
Allocution de communication,
Arras, Douai, Nord, Pas de Calais .
Lescar
En souvenir : mai 2019 ,
c'était le 20 ème anniversaire du Festival de Théâtre Amateur de LESCAR qui connut un succès fou, oui, il y a bien eu le feu aux planches !
…. hélas,
il n'y a pas eu de 21 ème édition, coronavirus oblige ...
Ce lieu magique doit absolument revivre,
ces festivals se poursuivre … dans une salle désormais entièrement rénovée .
sympathie pour le diable
SYMPATHIE POUR LE DIABLE de Guillaume de FONTENAY
Avec Niels SCHNEIDER (« Curiosa »), Vincent ROTTIERS, Ella RUMPF
Histoire vraie, puissante et poignante :
En 1992,
Sarajevo , en Bosnie- Herzégovine, survit, assiégée et massivement bombardée par les extrémistes serbes.
Paul Marchand, joué par Niels Schneider, journaliste canadien de guerre, couvre le conflit depuis le début et utilise son espace de tribune pour reprocher son inaction à la communauté internationale.
Son acolyte est photographe (Vincent Rottiers)
Mais que faire lorsqu'un journaliste est censé, du fait de sa déontologie, rester toujours objectif ?
Paul Marchand, avec son bonnet, ses cigares et ses lunettes, va devoir faire un choix, qu'il sait juste, mais difficile, d’autant plus qu’il s’entiche d’une journaliste locale. (la brune Ella Rumpf )
Le conflit a duré 4 ans et fait 100 000 morts . « …encore un cri d’alarme qui ne changera rien pour la communauté internationale ! » dit Paul Marchand sur les ondes .
Une scène est déchirante,
celle au cours de laquelle un sniper tue un enfant de 3 ans .
La buée
Ne pas la laisser mettre de la buée sur vos lunettes.
L'empêcher de refroidir vos os et d'éteindre les petites lumières dans vos têtes.
Lui interdire l'accès à votre cœur et à votre âme.
La repousser comme le vent repousse les nuages noirs.
Et si vous n'y arrivez pas,
si vous n'avez plus d'espoir,
négociez, tel le condamné à mort, une dernière cigarette.
N'oubliez pas !
Ne pas la laisser mettre de la buée sur vos lunettes ;
la tristesse.
EG
LA LAISSE
Voilà un superbe roman de Françoise Sagan.
Ses personnages sont d'une justesse à croquer.
Un régal à lire sans modération.
je pense à toi souvent
Je pense à toi souvent
l’automne qui commence a, comme le printemps,
une joue chaude et une joue froide
quand je sors de chez moi
je vérifie que les menues pensées qui se sont semées
près du seuil, dans une fissure, sont encore là
j’espère qu’on les laissera fleurir
Je pense à toi souvent
je suis masquée et les odeurs aussi
désormais le parfum du croissant chaud se mérite
il ne précède plus le regard
maintenant sentir demande une intention
c’est comme au tiercé, les sens arrivent
dans le désordre
Je pense à toi souvent
le lin et le coton cèdent peu à peu la place
à des tissus douillets
la lumière se dore et les feuillages s’y mettent aussi
je vois ici et là des bordures roussies
et des feuilles séchées
migrent vers les rigoles
Je pense à toi souvent
les journées se feuillettent avec lenteur
après une saison cruellement manquante
je n’en finis pas de guetter l’éclosion de l’automne
sur les étals, une fois les pêches disparues
éclateront demain les soleils des citrouilles
autre façon de décompter le temps
la seule valable peut-être...
je pense à toi souvent
le soir venu le brouillard monte du fleuve
et rampe dans ta ville
là, dans le gymnase, tu te blanchis les mains
tu mesures du regard le haut mur d’escalade
et tu empoignes les cordes comme tu empoignes ta vie
Une présence silencieuse et feutrée est là…
ATELIER ECRITURE FEV 2020 ADE
Une présence silencieuse et feutrée est là…
Une présence silencieuse et feutrée est là, mon corps perçoit progressivement une douce chaleur, il est allongé confortablement.
Le tic tac nerveux de ma montre envahit l’espace, mes sens s’éveillent lentement, s’ouvrent à ce moment merveilleux et inquiétant où tous les possibles s’offrent à nous.
Nul bruit alentour, avec mes premiers mouvements arrivent ces vieilles compagnes du matin, les douleurs d’ici ou là, qui tentent de saboter la promesse de ce nouveau jour.
Le silence, bien que ouaté s’impose, aucun ne révèle l’existence d’une vie, ce silence devient angoissant par la place qu’il occupe.
Que se passe-t-il ?
Ma main balaie l’espace à la recherche de mon compagnon d’insomnies, le poste de radio, un son effrayant jaillit de la boite, une voix annonce « ALERTE CORONA VIRUS » …
Gabriela Mistral, extrait du poème "Boire", dans le recueil D'amour et de désolation,
Je me souviens des gestes
et c'était pour me donner de l'eau.
Dans la Vallée du Rio Blanco,
où prend naissance l'Aconcagua, je vins boire,
je bondis boire dans le fouet d'une cascade,
qui tombait chevelue et dure se rompait rigide et blanche.
Je collai ma bouche aux remous, et cette eau sainte me brûlait,
trois jours durant ma bouche saigna de cette gorgée d'Aconcagua.
Gabriela Mistral, extrait du poème "Boire", dans le recueil D'amour et de désolation,