« Veritas tantam » d’Olivier de Kersauson
Lu « Veritas tantam » d’Olivier de Kersauson paru au Cherche Midi.
Le titre complet est « Veritas tantam potentiam haber ut non subverti possit », ce qui, traduit du latin, signifie « La vérité a une telle puissance qu’elle ne peut être anéantie ».
Je connais l’auteur depuis une quarantaine d’années et j’ai navigué un certain nombre de fois sur ses trimarans, y compris en course. C’est dire que je ne suis pas d’une objectivité à toute épreuve sur le personnage: passer des nuits et des nuits en mer ensemble m’a permis, assurément, de découvrir la vérité de cet homme qui est loin, très loin du personnage que certains médias lui font jouer depuis des décennies comme aux «Grosses têtes » par exemple. L’homme est cultivé, poète et, au fond, un vrai humaniste : ses convictions personnelles sont aux antipodes de toute forme de racisme et les propos qu’il tient actuellement sur les naufrages de migrants en Méditerranée et sur l’immigration en général en sont la meilleure démonstration.
Alors, le marin nous propose ici un recueil de pensées sur « le bon sens » tiré de ses expériences de vie, dont notamment, le cancer qu’il vient de surmonter. Ce n’est pas de la littérature haut de gamme, et bien de ses propos peuvent paraître abrupts, mais c’est du vrai bon sens…
« On est fait pour s’entendre » film
« On est fait pour s’entendre »
de Pascal Elbé , 2021 , 90 mn , vu sur Canal + cinéma.
avec Sandrine Kiberlain et Pascal Elbé, François Berléand, Marthe Villalonga, Emmanuelle Devos.
C’est une comédie romantique certes , mais qui permet d’aborder de près, le problème du malentendant.
Pascal Elbé parle de son handicap personnel.Il incarne un prof dont l’acuité auditive se dégrade , il en vient à devoir s’appareiller, ce qu’il cache honteusement à sa jolie voisine ; cette dernière s’en aperçoit, ne lui en parle pas et succombe à son charme innocent.
On dit que Sandrine Kiberlain incarne la Katharine Hepburn française , de part son charme et sa fluidité , ce qui n’est pas un mince compliment.
« On est fait pour s’entendre » mériterait un César pour son originalité.
« Elie Semoun et ses monstres »
Vu « Elie Semoun et ses monstres », le dernier spectacle de l’intéressé aux Folies Bergères ( c’était la dernière).
Un humoriste passionné par l’âme humaine et par ces monstres que peuvent être un pédocriminel, un djihadiste repenti, un touriste sexuel, une « standupeuse » vulgaire, un raciste ordinaire ( si tant est qu’un raciste puisse être ordinaire…) , un handicapé tombé amoureux sur un site de rencontres, un lâche qui veut négocier avec des cambrioleurs ….attention ! Ne rien prendre au premier degré. D’ailleurs l’artiste, quelquefois, interpelle le public pour le lui préciser, puis prévient « bon, je reviens dans le sketch ».
Un moment intriguant et tendre autant que drôle quand il annonce qu’il veut nous présenter sa mère qui a tant compté pour lui, sors en coulisses et reviens …avec une urne funéraire ! Pour lui raconter ce qu’il est devenu depuis sa mort.
J’aime beaucoup ce personnage et son humour si particulier.
« Un chalet à Gstaad »
« Un chalet à Gstaad », écrit et mis en scène par Josiane Balasko.
vu en direct sur Paris première,
avec Josiane Balasko, Armelle, Philippe Uchan ,Stephan Wojtowicz , au théâtre des Nouveautés de Paris.
Une comédie pure et dure avec la grande Balasko qui revient à ses sources, après un long intermède au cinéma. On se régale de la voir en faire des tonnes, dans le rôle d’une grande bourgeoise , ancienne actrice de porno, tout comme Armelle, en parfaite idiote richissime.
Les acteurs prennent un plaisir fou sur scène , ils ont du talent et n’ont pas d’ego déplacé qui les empêcheraient de se lâcher.
Un couple d’ultrariches reçoit des amis dans leur chalet à Gstaad. Ces amis (joués par Philippe Uchan et Armelle) débarquent avec leur « coach spirituel», un sympathique escroc ( joué par le mari à la ville de Josiane Balasko) . Au milieu , une jeune employée Leslie a besoin d’argent et travaille comme elle peut ( service, manucure...)
On n’en perd pas une miette. Le rythme est donné, avec de temps en temps des phrases extraites du texte pour mieux les savourer , on est à la télé.
La Balasko reconnaît être paresseuse à la vie, car les jeux vidéos lui prennent du temps , elle a aujourd’hui 72 ans.
« Un chalet à Gstaad »:un excellent moment de divertissement où l’on se surprend à rire chez soi.
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CLOSE
Vu « Close » le film franco-belge- néerlandais de Lukas Dhont dernière palme d’or et grand prix du festival de Cannes, avec deux adolescents inconnus et magnifiques de vérité et de sensibilité et Emilie Dequenne et Léa Drucker en mères de familles attendrissantes. Histoire de deux adolescents fusionnement liés d’une amitié merveilleuse qui vont être séparés par un drame à peine évoqué très allusivement, le suicide de l’un. L’autre, survivant au sens pur du terme, silencieux en diable va se rapprocher de la mère du disparu pour chercher à comprendre. Mais comment comprendre l’incompréhensible, le mystère d’une âme tourmentée, comment comprendre un drame qui, par définition, n’a pas d’explication simple ou rationnelle, surtout quand on n’ose pas poser les questions ?
Ce film fait de silences et d’allusions est d’une grande sensibilité et d’une émotion parfois bouleversante . J’ajoute qu’il y a deux scènes qui sont d’une qualité photographique étonnement évocatrices, quand les acteurs, ici un adolescent, là une mère, dans la pénombre et le flou des silhouettes ont des regards brillants, reluisants. Comme pour exprimer que la lumière intérieure des êtres éclairent la grisaille épouvantable de leurs vies. C’est très beau .
Et pourquoi pas un tournage au cinéma?
Le tournage du court-métrage se passait bien.On se trouvait sur la place du village.Les projecteurs de Johnny (clin d’œil à la chanson) étaient en place et du papier blanc était au sol. Les séances de maquillage battaient leur plein. L’idée était venue de l’esprit du Maire ( qu’on surnommait d’ailleurs « Peponne ») au printemps, avant que les touristes n’arrivent.
Le film s’appellerait « Le bonheur est sur la place » , la trame se résumerait en une comédie des années 70 pour avoir le recul nécessaire. Deux familles s’opposeraient mais un flirt entre un enfant de chaque clan viendrait mettre un terme aux hostilités , un peu comme dans « Roméo et Juliette ».
C’est Robert l’instituteur qui s’était avancé pour la réalisation de l’œuvre. Pour le son, c’est l’école de musique , emmenée par Madame Cerise. Les costumes étaient fournis car le club théâtre local. Les lumières, c’est René l’électricien , assisté par ses 2 fils, qui s’en occupait. Les gendarmes avaient fléché le parcours pour ne pas emprunter le centre-ville...
"L'inconduite" de Emma Becker
Lu « L’inconduite » de Emma Becker paru chez Albin Michel. Emma Becker est cette jeune auteur ( elle doit avoir 34 ans), dont c’est déjà le quatrième roman, qui avait défrayé la chronique avec le précédent, « La maison », où elle racontait avec une grande liberté de ton son expérience heureuse de la prostitution dans un bordel de Berlin où elle était partie vivre. J’avais beaucoup aimé ce livre original, sensible, dérangeant, cassant les codes, bien écrit. J’ai donc abordé celui-ci avec un a-priori très favorable même s’il faut toujours se méfier de ses a-priori… Eh bien j’ai encore beaucoup aimé celui-ci, auto-fiction comme le précédent, et suite chronologique ; elle a quitté la prostitution et est devenue mère d’un garçon, Isidore. Mais elle aime toujours « ça », faire l’amour, baiser, baiser les hommes, beaucoup d’hommes, et parler de leurs bites comme de sa chatte avec une liberté de ton ahurissante, dérangeante toujours, mais pleine de sensibilité et de charme. Esprits rétrogrades s’abstenir. Deuxième nouveauté, en plus d’être mère, elle tombe amoureuse ! Assez souvent même. Sans grande constance même si elle croit rencontrer « Le » grand amour. Mais peut-on rester femme en étant mère et rester libre et soi-même en fréquentant tant d’hommes ? Emma Becker aborde ces questions sans fioritures et avec une féminité assumée, exacerbée. Et un charme indéniable.
J'écris
J’écris
quand j’écris je crie , je me fais entendre ; quand j’écris, je ris , je me fais plaisir ; quand j’écris, je gronde mais pas trop à la ronde.
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La femme qui danse
Vu « La femme qui danse » , spectacle chorégraphique du Théâtre du Corps, conçu et choregraphié par Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault, et dansé par la première nommée, seule en scène.
Un joli spectacle, fruit naturel d’une vie de danseuse aux expériences multiples, à la sensibilité exacerbée, à la curiosité artistique et culturelle presque sans limites.
Un spectacle d’une grande diversité où l’on va jusqu’à découvrir ce que les images numériques peuvent apporter à la chorégraphie, et où Pietra , comme on l’appelle dans le monde de la danse, l’immense danseuse rend de bien beaux hommages à deux magnifiques danseurs et chorégraphes hélas disparus : Rudolf Noureev et Patrick Dupont. La fin de l’hommage à ce dernier est d’ailleurs l’objet d’un moment de grâce : ayant dansé cet hommage dans un grand voile de plastic transparent léger, elle finit par en déchirer un morceau qui devient une feuille volant dans le vent et avec laquelle elle joue, lui redonnant de l’altitude en soufflant dessus, dans des attitudes d’une élégance rare et d’une poésie achevée…