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LA NUIT DU 12
Vu « La nuit du douze », le film de Dominik Moll, tant récompensé aux derniers Césars, avec Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Anouk Grinberg et des acteurs inconnus ( de moi en tout cas ).
Un film, inspiré de faits réels, qui est presque un reportage sur une enquête d’une équipe de la PJ dans la région grenobloise, sur le meurtre d’une jeune fille d’une vingtaine d’années brûlée vive, un soir tard ,alors qu’elle rentrait à pied chez elle, après une soirée amicale pas très éloignée de chez elle.
Enquête méticuleuse,
interrogatoires divers,
suspects nombreux,
écoutes téléphoniques,
planques fastidieuses…
on vit la démarche des enquêteurs de l’intérieur. Et on vit leur échec puisqu’ils ne trouveront pas le coupable, malgré la relance de l’enquête, trois ans après, à l’instigation d’une juge d’instruction accrocheuse. C’est intéressant et instructif. Mais, comment dire?
Ça ne « décolle pas ». Ni dans le suspens, ni dans l’émotion, ni dans le jeu des acteurs assez fade. Bref, on ne passe pas un mauvais moment mais on a du mal à comprendre l’enthousiasme de la profession.,
« LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI » De Kirill Serebrennikov
« LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI » De Kirill Serebrennikov , avec Aliona MIKHAILOVA et Odin Lund BIRON
Règne, dans le film, une atmosphère glauque et noirâtre correspondant à la période du XIX e siècle.
Zoom sur la Russie et son « élite » artistique , avec un compositeur hors pair, né en 1840,qui termine son opéra au moment de son mariage. Il en a écrit au total 11 + 8 symphonies+ 4 suites pour orchestre + 5 concertos etc.
On y découvre sous tous les angles, le portrait d’une femme folle amoureuse : Antonina Tchaïkovski , joué admirablement par Aliona Mikhailova. L’épouse était une de ses anciens élèves qui lui avait écrit une longue lettre enflammée.
On « creuse » , à la manière d’un archéologue, un mariage « arrangé », à cause des mœurs inavouables de l’époque ( l’homosexualité du compositeur) .
On a droit à une esthétique raffinée qui donne un film somptueux à l’image du « Le guépard » de Visconti .
Des scènes originales et inattendues de nus masculins.
On est dans l’univers, la planète, les obsessions de Srebrenikov.
Je retiendrai la vie « à coté » de ce grand musicien , importante pour comprendre son art tourmenté et son génie.
L’actrice, 27 ans, est à la hauteur , donc immense de talent, passant par toutes les composantes de la femme amoureuse, y compris l’infidélité et une descente aux enfers des plus rudes.
Le rôle de Tchaïkovski est mineur, on le comprendra aisément, dans la pellicule présente.
La syndicaliste
Vu « La syndicaliste », le film de Jean-Paul Salomé avec Isabelle Huppert, Yvan Attal, Marina Foïs. Encore un film inspiré de faits réels , l’histoire d’une syndicaliste CFDT, Maureen Kearney, du groupe Areva, violemment agressée chez elle un soir de 2012 ( c’était hier …) et menacée de récidive si elle continue à s’intéresser au dossier de la négociation secrète Areva-Edf- investisseurs chinois. On y découvre, ahuris, que non seulement l’enquête, menée curieusement, n’a pas abouti mais, pire, que la victime a été accusée de simulation et condamnée à ce titre avant d’être acquittée en appel. Un gros intérêt du film est que les personnages de l’affaire sont cités avec leurs vrais noms : on retrouve donc Anne Lauvergeon, patronne d’Areva, virée de son poste par Sarkozy parce qu’elle s’opposait à cette alliance, Luc Oursel, son successeur, mort depuis, plus docile et, derrière tout cela, Henri Proglio, patron d’EDF et son compère Alexandre Djouri, intermédiaire sulfureux. Résultat désastreux : l’industrie nucléaire française pillée par les chinois…Isabelle Huppert est, comme toujours, magnifique de talent.
Les choses simples
De retour du CINÉMA , je vous livre au plus tôt mon ressenti sur " LES CHOSES SIMPLES" , un film si "simple" que la critique de Télérama ne l'a que très peu apprécié.
Et bien tant pis ! Mes copines et moi nous sommes régalées devant cette comédie charmante, délicieuse, drôle, intelligente aussi et d'actualité , d'Eric Besnard.
Le point de départ ? Un homme important, célèbre businessman qui passe souvent à la télé mazette! mais un tantinet speed , déclenchant des crises d'angoisse, va se retrouver, suite à une panne de voiture, dans une superbe paysage montagneux, loin de tout. Il y fait la rencontre improbable d'un montagnard bourru, un rien taiseux, isolé dans le silence de ses montagnes, un gars costaud pas forcément aimable et qui d'évidence ne sait pas trop sourire.
De là naît un face à face savoureux entre deux conceptions de vie. Un face à face joué par deux grands acteurs qui tiennent le film sur leurs épaules : Lambert Wilson et Grégory Gadebois, sans oublier un chien adorable qui pourrait presque leur voler la vedette !
Nous avons beaucoup aimé ce film, une comédie agréable, attachante , on se sent bien en la visionnant. Oui, un film joyeux et émouvant qui vous léger.
Et n'en déplaise au grincheux critique de Télérama, une comédie certes, mais qui sait en outre nous faire réfléchir sur certains modes de vie actuels où tout va trop vite, où certains s'essoufflent pour courir plus vite que les autres vers une réussite déshumanisée. Le spectateur, du coup, avec le businessmen speedé, se retouve confronté à une sérénité salutaire.
A noter que le film va bien plus loin qu'une fable simplement écolo. En plus, les paysages sont d'une beauté à couper le souffle , les cadrages sont sublimes et mettent en valeur les beautés de ces montagnes majestueuses. On respire , on s'y retrouve, la fin est moins banale et simple qu'on pourrait le croire, alors allez voir " Les Choses Simples " pour en connaître le dénouement.
LA FAMILLE ASADA
LA FAMILLE ASADA
Comédie japonaise de Ryota Nakano
Si on devait représenter ce film , on prendrait une photographie de famille. En effet, le personnage principal de cette fiction, Masashi, est un jeune photographe talentueux , qui , au départ, se fait les mains sur sa famille, avant d’exporter son don vers d’autres clans .
Ce photographe semble avoir un don de double vue , il ne se contente pas de faire une simple photo, mais il la met en scène, après avoir perçu la personnalité des gens qu’il fige sur image.
Cette passion nous donne des envies, bien entendu ( nous, les spectateurs passifs) .
La famille Asada contient beaucoup d’émotions , d’autant plus que le contexte du film devient le tremblement de terre de NOSU , ville asiatique fortement touchée et en ruines par des secousses très fortes ; n’oublions pas que nous sommes dans une zone géographique sismique fortement surveillée.
Malgré les malheurs autour de lui, Masashi continue à faire du bien en inventant l’impossible : ressusciter les gens, mais je n’en dirai pas plus.
Ce film mérite amplement d’être vu , je n’ai pas vu passer les 2 heures. « La famille Asada » est une histoire vraie.
"Les bonnes étoiles" du coréen Kore-Eda
Vu « Les bonnes étoiles « le dernier film de Hirokazu Kore-Eda, le cinéaste japonais qui réalise et produit ce film en Corée ( du sud évidemment…) et l’avait présenté au dernier festival de Cannes. Une histoire de famille comme les affectionne l’auteur, qui est aussi une histoire de trafic d’enfants: la mère, une prostituée qui n’a pas voulu avorter ( « mieux vaut abandonner que tuer » dit-elle dans un curieux raccourci), son bébé et deux experts en trafics d’enfants, auxquels s’ajoute un gamin déluré, forme une sorte de famille recomposée qui vit ensemble en recherchant le gros lot de la vente . La police les poursuit et veut les prendre « la main dans le sac » . C’est bourré de tendresse et de sentiments attachants, ce qui est plutôt un exploit dans le cadre d’une histoire sordide, même si c’est aussi plein de longueurs inutiles. Le film aurait pu faire une demie-heure de moins.
Babylon
BABYLON : alors ce film ?
A la lecture des critiques, le film de Damien CHAZELLE est pour le moins controversé et a peu plu aux USA, ce qui n’est pas une référence, bien au contraire, ça pourrait même sentir le chef d’œuvre. Du coup, je n’irai pas par 4 chemins, j’ai beaucoup aimé et je vous énumère les adjectifs qui me viennent : excentrique, vertigineux, beau, choquant, épique,délirant,grandiose,érudit,dantesque, tourbillonnant, bref...FELLlNIEN !
Une ODE grandiose à l’âge d’or du muet ,dans le Los Angeles des années 1920. Le réalisateur ose une plongée spectaculaire, dans un Hollywood où tous les excès sont permis jusqu’à la nausée. Du coup, un intense tourbillon au temps du muet et des folles bacchanales, historiquement réelles ,c’est à préciser. BABYLON retrace l’ascension, puis la chute de plusieurs personnages, lors de cette ère de décadence et de dépravation sans limites . C’est ce qui a choqué ceux et celles qui n’ont pas aimé , portant un jugement plus moral sur l’époque qu’un jugement esthétique sur le film. L’époque est malsaine, mais Chazelle sublime le vulgaire et l’outrance.Et le passage au " parlant" est bien montré comme un drame pour de nombreuses stars du muet, qui sont allées jusqu'au suicide. LE SON EST ARRIVÉ, LE SON LES A TUÉES.
Le réalisateur a su aller chercher des acteurs exceptionnels, Brad Pitt bien sûr, mais aussi la star australienne Margot Robbie nommée aux OSCARS de la Meilleure actrice, et pour moi, celui qui arrive à éclipser Brad Pitt, Diego Calva , un acteur mexicain avec un air de Cary Grant , peu connu jusque là, et qui crève l’écran de son regard intense et expressif! Il était passé jusque là, sous les radars de petits rôles mais , à n’en pas douter, c’est une révélation.
Rappeler à nouveau que c’est un hommage intense au cinéma, et qu’à chacune de ses paroles , Brad Pitt clame cet amour. Ne dit-il pas que " LE CINÉMA est QUELQUE CHOSE QUI RESTE , QUI a du SENS , QUI A QUELQUE CHOSE DE PLUS IMPORTANT QUE LA VIE " .
Alors j’en remets un couche : un grand film, une mise en scène spectaculaire, un jeu d’acteurs phénoménal, des décors et des costumes somptueux, un scénario intriguant, un tableau terrible de ce passage cataclysmique du muet au parlant et d’une société en profonde mutation. Sans oublier la bande-son de Justin Hurwitz qui vient d’être classée Meilleure Bande Originale de Film aux Goden Globe 2023.
* Je ne voudrais pas terminer ce papier ( comme toujours très personnel et uniquement personnel) sans citer " SINGING in the RAIN " (dont j’attendais l’évocation depuis presque le début) qui clôt le film. Diego Calva, dans une salle de cinéma, un feu d’artifices de couleurs dans les yeux, pleurant de joie et d’émotion devant Gene Kelly qui éclabousse joyeusement l’écran.
*ps: si vous êtes parmi les courageux et courageuses qui ont tout lu, ne m’en veuillez pas, si vous n’êtes pas de mon avis, je sais m’enthousiasmer et c’était aussi mon métier, devant un bouquin et un tableau, d’expliquer aux élèves qu’il fallait commencer par en chercher les qualités, plutôt que de se contenter de rejeter et de dire, pour seul argument, " je n’aime pas " .
"Avatar 2 : la voie de l’eau », le film de James Cameron
Vu « Avatar 2 : la voie de l’eau », le film de James Cameron.
Eh bien oui, je me suis inscrit dans la longue, très longue liste des moutons de Panurge ….ça me rappelle une anecdote que j’ai vécue dans les années 80 : en tant que collaborateurs du Président de la République, chef des armées, l’Etat-major nous proposait de participer à des missions au sein des forces armées. Me voilà donc, un jour, en plongée à bord d’un sous-marin nucléaire en compagnie de .…Regis Debray ! Le soir lors du dîner au mess des officiers à quelques centaines de mètres sous l’eau, l’Amiral commandant la flotte de l’Atlantique interroge Régis : « pourquoi un ancien révolutionnaire comme vous se retrouve-t-il maître des requêtes au Conseil d’Etat ? ». Et Regis de répondre « Oh ! vous savez c’est comme quand vous marchez dans la rue et que vous voyez une longue file d’attente devant une boulangerie. Vous vous dites que le pain doit y être bon et vous vous mettez dans la file! ». Je dois dire que j’avais été interloqué par cette présentation des choses.
Eh bien, tout cynisme mis à part, j’ai voulu aller voir ce film d’abord et avant tout pour découvrir ce que dix millions de mes compatriotes sont allés voir ( et le flot monte !). Pour comprendre.
Résultat des courses : d’abord un parcours du combattant pour avoir des places qui se réservent 10 ou 15 jours à l’avance; ensuite, un film long, très long ( 3h15 !), trop long sans entracte ni pause. Quant au film, je dirais surtout que j’ai été bluffé. Des effets spéciaux ahurissants ( on comprend mieux le coût exorbitant de la production ..), un usage très sophistiqué des nouvelles technologies ( on vous distribue des lunettes à l’entrée pour voir en 3D), une qualité exceptionnelle des images et une beauté des paysages maritimes ou sous-marins. Quant au scénario j’allais dire peu importe, je n’y allais pas pour ça. Il y a des gentils ( une famille qui « se serre les coudes ») et des méchants surarmés qui veulent les exterminer, ainsi que la chasse à la baleine, une gigantesque bataille navale avec plein de morts et, au bout du compte, la morale philosophique (et environnementale) qui l’emporte.
Bluffé par la technique je n’ai été intéressé ni par l’histoire qu’on me racontait ni par l’imagination créatrice qui a inventé ces êtres vivants qui ressemblent à des humains mais qui n’en sont pas ou ces animaux qui volent et qui nagent et qu’on chevauche comme de dociles équidés. Forcément, on n’est pas sur terre mais sur la planète Pandora .
Mais j’ai mieux compris l’énorme opération commerciale au succès international si ahurissant. Je ne mourrai donc pas totalement idiot.
« Nos frangins »
Vu « Nos frangins » le film de Rachid Bouchareb avec Lyna Khoudri, Reda Kateb et Raphaël Personnaz, sélectionné au festival de Cannes 2022. Un film qui évoque deux
« bavures » policières de 1986: la mort de Malik Oussekine, tabassé à mort par une brigade de « voltigeurs » motocyclistes à la fin d’une manifestation contre le projet Devaquet de réforme des Universités - manifestation à laquelle il n’avait pas participé !- et celle, au même moment, d’Abdel Benyahia, descendu d’un coup de pistolet par un flic à la sortie d’un bar en banlieue alors qu’il n’avait fait que s’interposer dans une bagarre.
Une sorte de biopic à mi-chemin entre la fiction et le documentaire avec des images d’archives sur l’actualité de l’époque. Un film militant certes mais sans excès, visant à dénoncer des violences policières et, surtout, la volonté politique, d’étouffer ces affaires. Un film pour dire la tragédie vécue par ces deux familles.
C’est assez remarquablement fait et très émouvant. Reda Kateb est égal à lui-même, un acteur de grande qualité et la jeune Lyna Khoudri s’affirme comme une future grande actrice de sa génération.
Je me faisais juste une réflexion en pensant à ces marchands d’illusion qui nous expliquent que « La Gauche, la Droite, tout ça est dépassé, ça n’existe plus »….bla-bla-bla… Voyez les images d’archives de ce film et les déclarations qu’elles retranscrivent de Chirac-Pasqua- Pandraud d’une part, Mitterrand, Mauroy ou Kiejman de l’autre et dites-moi si tout cela est dépassé. En tout cas, moi, je suis plutôt fier,dans ces évènements dramatiques d’avoir été du côté des derniers nommés…comment disent-ils? C’est « vieux monde » comme réflexion ? Mais tellement actuel pourtant….
« Maestro(s) »
Vu « Maestro(s) » le film de Bruno Chiche avec Pierre Arditi, Yvan Attal, Miou-Miou, Pascale Arbillot..
On est chefs d’orchestre de père en fils dans la famille Dumar….mais le père et le fils n’ont pas une relation affective épanouie et heureuse. On dira plutôt une rivalité froide et distante. Aussi quand la Scala de Milan se trompe de Dumar et contacte le père au lieu du fils pour lui proposer une saison dans cette maison prestigieuse, se noue une intrigue psychologique originale et tendue ( Le dialogue père-fils un soir tard au domicile du dernier est assez pathétique et joliment rendu).
C’est très remarquablement joué et cela baigne dans une ambiance musicale classique délicieuse. Ce n’est pas un chef d’œuvre mais c’est un joli film qui offre un bon moment.