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LE PRINCIPAL
« Le principal », drame de Chad Chenouga,
avec Roschdy Zem, Marina Hands (« Lady Chatterley ») et Yolande Moreau ( « Séraphine ») .
Que faire quand , sorti d’un milieu populaire, ayant réussi socialement, futur principal de collège, on se fait pincer, la main au collet, à vouloir illicitement et ambitieusement, aider son fils à l’examen final de scolarité (brevet) ?
Ce nœud gordien, inspiré de faits réels, est étouffant , et nous attache avec lui, jouant avec nos nerfs, dans des préoccupations qui n’auraient pas dû exister au préalable.
Roschdy Zem (césar du meilleur acteur en 2020 avec « Roubaix, une lumière ») avec une vraie gueule et une vraie stature, n’a aucun mal à se glisser sous l’imperméable et le costume du Principal de collège.
Son épouse (désolée et déçue) est jouée par Marina Hands et sa prédécesseure au poste de Principal ( arrivant à la retraite et férue de la langue française) par Yolande Moreau.
Le jeune fils est joué, avec classe et charme, par Jibril Bihra.
« Le principal » , à voir !
« Les Fabelman », film de Steven Spielberg
Vu « Les Fabelman », film de Steven Spielberg, avec Gabriel LaBelle, Michelle Williams et Paul Dano, sorti en 2022 et qui avait reçu les prix du meilleur film dramatique et du meilleur réalisateur aux Golden Globes. Un film directement inspiré - on dira « autobiographique »- de la propre jeunesse du cinéaste qui a bien sûr participé à l’écriture du scénario.
Un film qui retrace la naissance d’une passion pour le cinéma d’un jeune adolescent sous tous ses aspects et toutes ses conséquences parfois inattendues.
Une passion déclenchée par une scène d’un film que l’enfant va voir avec ses parents ( une catastrophe ferroviaire dans « Le plus grand chapiteau du monde ») qui le marque profondément : il croit y déceler une attirance pour les chemins de fer et se fait offrir un train électrique mais c’est le film de la scène qui l’a, de fait, impressionné….
Adolescent, il ira ensuite de caméra en caméra, chaque fois un peu plus sophistiquée, filmant des fêtes familiales ou réalisant ses premiers courts-métrages.
Deux évènements vont marquer cette approfondissement de sa passion cinématographique : le fait qu’en visionnant le film d’ une fête familiale il y découvre des gestes tendres de sa mère avec le meilleur ami de la famille, évènement qui sera au cœur d’une rupture familiale. Comme si le cinéma cachait l’intime parfois sans le vouloir.
Et le film qu’il réalise au lycée - où, soit dit en passant, il est victime d’un antisémitisme «banal » comme quoi le cinéma est bien plongé dans la réalité sociale- à la fête annuelle qui va provoquer les réactions contradictoires de deux élèves avec lesquels il s’est heurté auparavant: l’un et l’autre pour se plaindre de l’image qui y est donnée d’eux, mais l’un parce qu’il ne l’a mérite pas et l’autre parce qu’elle est conforme.
Comme quoi le cinéma ça peut être différent de la vie.
Beau film. Bien fait mais ça n’est pas une surprise avec Spielberg. Bien joué. Émouvant.
Pour l'honneur
Mon fils cadet m’a entraîné à Saint-Jean de Luz voir en avant-première le film « Pour l’honneur » de Philippe Guillard avec Olivier Marchal, Olivia Bonamy, Mathieu Madenian et Paco Fuster. Philippe Guillard, dit « La Guille » est un ancien jouer de rugby passé par le journalisme sportif avant d’arriver au cinéma. Son premier film « le fils à Jo » avait eu un joli petit succès il y a quelques années. Il reprend ici la même recette, un « feel-good-movie » avec son copain Marchal, dans le monde du rugby avec ses potes internationaux en figurants, un tournage festif où la troisième mi-temps est érigée en règle de vie. Mais pour ce film, la palette des bons sentiments est élargie à une forme d’engagement puisqu’il s’agit de l’histoire de 9 migrants demandeurs d’asile qui débarquent dans un petit village de Corrèze, provoquant les réactions primaires et réactionnaires - au sens propre du terme- que l’on devine, sauf chez l’entraîneur de l’équipe de rugby locale et sa femme qui tiennent un hotel déclinant qui va leur servir de centre d’accueil. Et l’équipe de rugby va devenir le vecteur d’intégration de cette petite bande…
C’est sans prétention, au sens où on n’est ni dans du Pasolini ni dans du Rohmer, mais ça se tient et c’est bien agréable à voir.
« I’m your man » film
« I’m your man »
film de Maria SCHRADER - Allemagne – 2021
adaptation d’une nouvelle de Emma Braslavsky
avec Maren EGGERT , Dan STEVENS. Sandra HULLER.
J’ai suivi d’abord avec attention , puis avec plaisir , cette comédie romantique de science fiction , pourrait-on dire ; en effet , comment être amoureuse d’un robot ? Est le thème de ce film original.
Il est l’homme (androïde) idéal , mais si justement, ce n’était pas ce qu’elle voulait ?
Une brillante réflexion sur l’être humain et... le bonheur.
Tout part d’une expérience scientifique à laquelle se prête notre héroïne, afin d’obtenir un passe -droit pour ses études , et non pas dans l’esprit de rencontrer le « bonheur ».
Sachez que son robot séducteur est tout à fait charmant, qu’il se plie à la moindre de ses volontés et les connexions électroniques sont parfaitement huilées.
Mais, notre cobaye n’est pas une femme facile
et ça met du piment dans le scénario.
Je vous laisse vous régaler si vous avez la possibilité de le voir en replay ou en DVD.
JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES
JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES
De Jeanne Herry
avec Adèle Exarchopoulos, Leila Bekhti, Jean-Pierre Darroussin, Gilles lellouche, Élodie Bouchez.
Génial film sur la justice restaurative , complément nécessaire au pénal . Mise en relation entre les coupables et les victimes sur double volontariat.
Quand ça marche, les acteurs le disent.
Il s’agit d’échanger des émotions très fortes dans une salle ,soit en groupe, soit entre 2 individus, en présence d’une personne qui sert d’intermédiaire et qui distribue les cartes de manière bienveillante.
On y traite de viol , de homejacking, de braquage, de vol à l’arraché…
J’ai adoré les performances des acteurs , au bord de la rupture de nerfs : Miou Miou en vieille femme violentée dans la rue et détroussée , Gilles Lellouche en personne « visitée » chez elle ou Adèle Exarchopoulos, violée par son frère aîné dans son enfance , et Leila Bekhti en caissière de supermarché terrorisée par un braqueur.
Sur leur parcours, il y a de la colère et de l’espoir, des silences, des mots, des alliances et des déchirements...et parfois au bout du chemin , la réparation. On pleure tout au long du film avec eux.
Le travail de Jeanne Herry me fait penser à celui de Nicole Garcia , avec « Les mots pour le dire ».
The son et De grandes espérances
Vu « The son » le film de Florian Zeller avec Hugh Jackman, Laura Dern, Vanessa Kirby et la participation d’Anthony Hopkins ( dans un rôle beaucoup moins émouvant que dans « The father », le précédent film du réalisateur).
Un drame familial qui se déroule à New York et raconte la douleur d’un adolescent, fils de divorcé, et plus particulièrement son ressentiment profond à l’égard de son père, accusé d’avoir « abandonné » sa mère et lui pour refaire sa vie et avoir un autre enfant. Douleur, ressentiment et, au fond, dépression profonde. Le film est réalisé par Florian Zeller «à l’américaine », avec une soigneuse exploitation des bons sentiments et des émotions fortes où le contraste entre les images du passé heureux ( tournées en Corse !) et les pleurs et crises du présent est surjoué. Hugh Jackman est très convaincant en père déchiré et culpabilisé. Mais c’est un film à déconseiller aux parents d’enfants dépressifs…
Vu « De grandes espérances » le film de Sylvain Desclous avec Rebecca Marder et Benjamin Lavernhe.
Un couple de jeunes étudiants brillants préparent l’ENA dans une luxueuse maison de vacances de Corse. Un matin sur une route déserte, une algarade avec un automobiliste autochtone tourne au drame. Ils s’en sortent tant bien que mal à coups de mensonges et de dissimulations mais leur couple n’y résiste pas. Un ou deux ans plus tard, l’un et l’autre se retrouvent dans les hautes sphères de l’Etat, mais dans des camps opposés, quand ils sont rattrapés par l’épisode corse….
Un assez bon film, sans plus, avec de très belles images de Corse et le jeu remarquable des deux acteurs. Rebecca Marder, en particulier, s’affirme comme une magnifique actrice.
VU POUR LA FRANCE
Vu « Pour la France », le film de Rachid Hami avec Karim Leklou, Shaïn Boumedine, Lubna Azabal et Laurent Lafitte. Encore un film tiré de faits réels, en l’occurrence la mort par noyade de Jallal Hami, le frère du réalisateur, lors d’une soirée de « bizutage » - parce qu’il faut bien appeler les choses par leurs noms- à l’école militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan où il venait d’être reçu comme élève-officier. « Mort pour la France » ( d’où le titre du film ), c’est la reconnaissance que cherche à obtenir la famille de la victime puisque leur fils est mort sous l’uniforme et dans l’école. Mais la hiérarchie militaire refuse pour des raisons purement juridiques, donc idiotes et choquantes, dans la mesure où cette soirée n’était pas « officielle » au sens militaire du terme….pour information : trois des organisateurs de la soirée ont été condamnés à des peines de prison avec sursis pour homicide volontaire.
Le film, autobiographique aussi est un hommage du réalisateur à son frère disparu et a donc des résonances autobiographiques.
C’est assez bien fait et émouvant malgré quelques longueurs.
LES PETITES VICTOIRES
LES PETITES VICTOIRES.
CINÉMA : sortie entre amis-ies pour découvrir un joli film français de Mélanie Auffret , qui a été récompensé au " Festival International du Film de Comédie " de l'Alpe d'Huez par le Prix du Public et le Prix Spécial du Jury : LES PETITES VICTOIRES.
Entre ses obligations de maire( les couples venant raconter leurs bisbilles, la vieille dame venant se plaindre de sa hanche ,et celui rouspétant contre les trous dans la chaussée...) et son boulot d'institutrice en classe unique, au sein d'un petit village de 400 habitants qui a perdu son bistrot, sa boulangerie, son médecin et peut-être bientôt son école, les journées d'Alice sont bien remplies ! Trop remplies, car à se dévouer entièrement aux autres, elle s'oublie .
Et voilà qu'entre dans sa vie et son école Émile un sexagénaire analphabète au caractère explosif qui a caché ce handicap à tout le monde. Alors, quand il s'impose comme élève, le quotidien d'Alice va devenir encore plus ingérable.
Que va-t-il se passer ? pour le savoir, allez voir cette comédie qui touche par sa fraîcheur tout en abordant des problèmes bien réels comme la désertification des campagnes. Un film fin, léger et complexe qui prend avec humour et à bras le corps des sujets politiques et actuels
Michel Blanc et Julia Piaton y sont vrais et profonds, légers aussi, touchants, tous les enfants sont formidables de naturel et chaque 2nd rôle choisi avec soin apporte un parfum de vérité à ce film .
" Rien n' y est convenu, ni bien-pensant, cette comédie est juste tendre et émouvante" a écrit un critique.
Voilà : un film dopé à la bienveillance, engagé, généreux et ...amusant.
Je verrai toujours vos visages
Vu « Je verrai toujours vos visages » de Jeanne Herry avec une distribution très remarquable qui va de Miou-Miou à Adèle Exarchopoulos, en passant par Leïla Bekhti (éblouissante) , Elodie Bouchez, Gilles Lellouche, Denis Podalydès, Jean-Pierre Darroussin et de jeunes sociétaires de la Comédie française, Dali Benssalah ou Birane Ba…
Un film magnifique, bouleversant, convaincant sur ce qu’on appelle la justice restaurative qui consiste à mettre en présence, sous la direction de médiateurs et après une longue préparation, des victimes avec des détenus pour des crimes et délits comparables à ceux qu’ils ont subis. Pour que l’échange et la parole aident à prendre conscience et à dépasser les traumatismes. Une justice restaurative qui serait née chez les peuples primitifs d’Amérique du Nord, s’est surtout développée au Canada et a été introduite en 2014 en France par Christiane Taubira.
Les décors du film sont très dépouillés, essentiellement une pièce froide de la prison avec des chaises placées en cercle et la mise en scène très construite sur les visages. Deux ou trois scènes sont bouleversantes comme les coups de gueule de Leïla Bekhti ou Gilles Lellouche et, surtout le tête-à-tête pathétique de Chloé, jouée par Adèle Exarchopoulos, avec son frère ainé qui l’a violée pendant des années de son enfance et qui, après un séjour en prison, a refait sa vie.
Vraiment un très beau film, aussi émouvant qu’édifiant.
Mon crime
Vu « Mon crime » de François Ozon avec une incroyable pléiade d’acteurs exceptionnels, depuis Isabelle Huppert en vieille actrice reconvertie en maître-chanteuse, Fabrice Luchini en magistrat en quête de son bâton de maréchal avant la retraite, André Dussolier en industriel inquiet des fréquentations de son fils, Dany Boon en marseillais affairiste à l’accent caricatural, Daniel Prévost en Président de tribunal, Dominique Besnehard en serveur de restaurant. N’en jetez plus ! La coupe est pleine…..non, pas tout à fait, il manque deux jeunes actrices montantes et talentueuses: Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder, héroïnes de l’histoire. Dans le Paris des années 30, une jeune actrice victime d’une tentative de viol de la part d’un producteur est accusée du meurtre de celui -ci, à l’issue d’une enquête bâclée et sans preuve véritable. Elle est innocente mais son amie avocate avec qui elle partage une sous-pente dans un dénuement notoire, la convainc de plaider coupable pour retourner l’accusation et défendre la cause des femmes victimes de viol en plaidant la légitime défense. Et ça marche: fortes de leurs talents d’actrice et d’avocate prometteuses, elles parviennent à convaincre les jurés et elle est acquittée. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, l’acquittement spectaculaire et médiatisé ayant lancé la carrière de l’actrice - et celle de l’avocate !- quand…..une vieille actrice surgit pour revendiquer le crime, jalouse du succès de sa jeune collègue, et les menace d’un chantage lamentable. Le dialogue où Luchini explique à la néo-coupable que l’affaire a été jugée et qu’il n’est plus temps de ré ouvrir le dossier est un sacré moment de cinéma.
Film savoureux. Du Ozon pur jus, imaginatif, décalé, aux dialogues truffés de répliques aussi inattendues que drôles.