cine
La maison
Vu « La maison » le film d’ Anissa Bonnefont avec Anna Girardot et Aure Atika, entre autres, d’après le roman d’Emma Becker. J’avais beaucoup aimé le livre de celle-ci qui racontait avec une grande finesse, une grand sensibilité, cette expérience d’écrivaine assez étonnante de la prostitution dans une maison close de Berlin. Malgré une très belle prestation d’Anna Girardot, j’ai trouvé que le film était un peu en- dessous. Et je crois que l’explication tient à la grande difficulté qu’il y a à adapter un roman quand son sujet central tient, non pas tant au scénario qu’ à la démarche de son auteur. J’avais déjà remarqué cela avec «Ouistreham », l’adaptation du très beau livre de Florence Aubenas, qui, malgré la performance de Juliette Binoche, avait buté sur la même difficulté : retranscrire la subtilité de l’expérience de l’auteure qui s’était délibérément située, pendant de longs mois, « au cœur » du milieu social qu’elle voulait raconter. Il en va de même avec ce film et la démarche de l’écrivaine. D’ailleurs, à la fin du film, en voix off, Anna Girardot reprend dans une conclusion presque trop pédagogique la posture de l’écrivaine explicitant sa démarche. Comme si le film ne l’avait pas bien fait et qu’il fallait y insister.
L'homme qui n'a pas d'étoile - film
Vu hier à la télé ; « l’homme qui n’a pas d’étoile »
Réalisation King Vidor en 1955
quel plaisir de revoir le grand Kirk DOUGLAS dans une démonstration de joie, de force, de vie tout simplement.
C’est un western dans lequel il joue le rôle d’un être isolé , avec un passé à cicatrices mal fermées, qui boit un peu trop mais qui est si charmant.
Il chapeaute paternellement un jeune (William Campbell) à ses cotés , pour l’aguerrir, par dette du passé aussi.
J’ai aimé le voir en vrai cowboy piloter, guider à cheval les immenses troupeaux de vaches dans le Wyoming , être en liberté , refuser les clôtures à barbelés..
J’ai aimé le voir être amoureux de sa patronne de ranch , (Jeanne Crain).
Kirk Douglas, c’est le porte- drapeau de l’Amérique à lui tout seul.
C’était en quelque sorte, la continuité de « la dernière séance « D’Eddy Mitchell.
Corsages
« Corsages » de Marie Kreuzer avec Vicky Krieps , Florian Teichtmeister
Et voici un film d’époque , avec les costumes et les décors quoiqu’ il y ait parfois, quelques facéties de Marie Kreuzer qui , pour tenir le spectateur éveillé, se permet quelques écarts ( un tracteur ici, un téléphone là …) Nous sommes en fin du 19e siècle en Autriche , en compagnie de la grande Sissi , impératrice, qui a pris un peu d’age puisqu’elle va sur ses 40 ans ; nous sommes loin du rôle tenue par Romy Schneider par le passé.
Comme le laisse suggérer le titre du film il y est question de corsages ; en effet , la réalisatrice aborde le sujet de la soumission aux convenances de l’époque , une autre forme de « corsage ».
J’ai apprécié les scènes de cheval , les scènes d’escrime , le repas , rituel bien particulier dans ces milieux aristocrates , la toilette dans la petite baignoire etc. Bref ,plein de détails à découvrir bien tranquillement assis dans son siège de cinéma.
Ci-dessous , un autre film avec la luxembourgeoise talentueuse Vicky Krieps :
De nos frères blessés - reg-artsadeens.over-blog.com
« Corsages » : Une réécriture de l’histoire sans guimauve, féministe et audacieuse.
« On est fait pour s’entendre » film
« On est fait pour s’entendre »
de Pascal Elbé , 2021 , 90 mn , vu sur Canal + cinéma.
avec Sandrine Kiberlain et Pascal Elbé, François Berléand, Marthe Villalonga, Emmanuelle Devos.
C’est une comédie romantique certes , mais qui permet d’aborder de près, le problème du malentendant.
Pascal Elbé parle de son handicap personnel.Il incarne un prof dont l’acuité auditive se dégrade , il en vient à devoir s’appareiller, ce qu’il cache honteusement à sa jolie voisine ; cette dernière s’en aperçoit, ne lui en parle pas et succombe à son charme innocent.
On dit que Sandrine Kiberlain incarne la Katharine Hepburn française , de part son charme et sa fluidité , ce qui n’est pas un mince compliment.
« On est fait pour s’entendre » mériterait un César pour son originalité.
CLOSE
Vu « Close » le film franco-belge- néerlandais de Lukas Dhont dernière palme d’or et grand prix du festival de Cannes, avec deux adolescents inconnus et magnifiques de vérité et de sensibilité et Emilie Dequenne et Léa Drucker en mères de familles attendrissantes. Histoire de deux adolescents fusionnement liés d’une amitié merveilleuse qui vont être séparés par un drame à peine évoqué très allusivement, le suicide de l’un. L’autre, survivant au sens pur du terme, silencieux en diable va se rapprocher de la mère du disparu pour chercher à comprendre. Mais comment comprendre l’incompréhensible, le mystère d’une âme tourmentée, comment comprendre un drame qui, par définition, n’a pas d’explication simple ou rationnelle, surtout quand on n’ose pas poser les questions ?
Ce film fait de silences et d’allusions est d’une grande sensibilité et d’une émotion parfois bouleversante . J’ajoute qu’il y a deux scènes qui sont d’une qualité photographique étonnement évocatrices, quand les acteurs, ici un adolescent, là une mère, dans la pénombre et le flou des silhouettes ont des regards brillants, reluisants. Comme pour exprimer que la lumière intérieure des êtres éclairent la grisaille épouvantable de leurs vies. C’est très beau .
ARMAGGEDON TIME
Vu « Armageddon Time » le film de James Gray, Palme d’Or, Prix du Jury du Festival de Cannes.
New York, les années 80, un jeune garçon d’une famille aisée mais pas riche ( le père est un plombier qui réussit) s’ennuie à l’école et n’aime que le dessin. Mais il s’y lie d’amitié pour un camarade de classe, noir, très pauvre et victime du racisme qu’on qualifie d’ordinaire. Disons d’un racisme diffus ou de tous les jours.
Ce jeune garçon est ballotté entre ces trois pôles, la famille, l’amitié, l’école, et cherche sa voie, tenté par toutes les aventures. Il bénéficie pourtant des conseils sages et affectueux de son grand père, magnifiquement joué par Anthony Hopkins. Mais celui-ci, malade, va mourir et le laisser seul face à sa destinée…
Un joli film, fin, subtile, réaliste, édifiant avec, sans doute quelques longueurs inutiles.
Novembre
« Novembre » de Cédric Jimenez, le réalisateur de « Bac Nord, avec Jean Dujardin, Sandrine Kiberlain et Anaïs Demoustier. Une plongée dans la brigade antiterroriste pendant les cinq jours qui ont suivi les attentats, jusqu’à la fusillade impressionnante qui a clôturé l’enquête en même temps qu’elle a permis la « neutralisation » de celui qui est considéré comme le chef du commando, dans un vieil immeuble de Seine-Saint Denis où il avait trouvé une planque. Une démonstration froide, presque mécanique du travail des policiers anti-terroristes où l’on découvre par exemple que ce terroriste-là avait échappé aux policiers à Athènes quelques mois plus tôt ou qu’une jeune inspectrice a flirté avec les procédures pour vérifier une piste…fructueuse, où bien qu’une informatrice précieuse - qu’on peut presque considérer comme une « repentie » - a joué un rôle déterminant. ( mais pourquoi donc le réalisateur l’a-t-il affublée d’un voile, obligeant l’intéressée dans la vraie vie à démentir ce détail ?? Troublant comportement …). C’est intéressant, presque comme un documentaire sur le travail des policiers tellement l’équipe du film s’est plongée dans ce milieu et y a fait un quasi- travail d’ethnologue. Mais, à l’inverse de « Bac Nord » que j’avais beaucoup apprécié pour sa violence brute de décoffrage, cet aspect du travail des policiers fait de renseignement, de recoupements, d‘enquêtes discrètes est bien moins cinégénique. Et les trois principaux acteurs, qui ne manquent pourtant pas de talent d’habitude, ne sont pas vraiment convaincants dans leurs rôles.
Eo
« Eo » de Jerzy Skolomowski avec Sandra Drzymalska, Tomasz Organek et Isabelle Huppert en guest star.
J’ai vu ce film , prix du jury à Cannes, au Parvis d’Ibos, il s’agit de suivre les péripéties d’un petit âne gris dans le monde des humains. On pense clairement au parti pris animaliste du réalisateur polonais. Dans la lignée de « l’ours » de Jean Jacques Anneaud ou bien d’autres encore.
On a la surprise d’y rencontrer notre Isabelle Huppert nationale , plus icône que jamais, dans un petite rôle de belle-mère !!
On vit de près un match de foot des villages, qui se termine par la fête et des bagarres.
On y voit des chevaux , on y suit des vaches , on s’attendrit toujours sur notre animal qui hihanne parfois.
La manière de filmer du réalisateur se situe au niveau des yeux de l’âne Eo . Il nous offre une aventure sensorielle , jouant avec les couleurs et les lumières, l’endroit et l’envers, les stridences et la musique...
Bref , ce film n’est sûrement pas un chef d’œuvre mais il a le mérite de nous ouvrir les yeux , donc de nous enrichir ( comme Ali Baba) sur les ânes.
La conspiration du Caire
Vu « La conspiration du Caire » le film du suédois Tarik Saleh, dont le père est égyptien, sélectionné officiellement à Cannes cette année, où il a obtenu le prix du scénario. L’histoire se passe au sein de la grande mosquée Al Azhar du Caire qui est aussi une Université, grand phare de l’islam sunnite, qu’on qualifiera de « plutôt modérée « mais qui est, on le devine, en proie à bien des tensions. L’histoire raconte comment les services de la police politique du régime actuel, celui du Maréchal Al Sissi, à l’occasion de la mort du recteur de la grande mosquée et du processus de désignation de son successeur, s’assurent de mettre hors-jeu un candidat suspecté de connivence avec l’islamisme radical. Mettre hors-jeu s’entend, bien sûr, « par tous les moyens » ce qui n’étonne en rien de la part d’un régime aussi peu démocratique. Critique ferme et dénonciatrice ô combien méritée cela va sans dire, au travers d’un scénario conçu de l’intérieur de la mosquée, au milieu des étudiants. Et c’est plutôt bien fait et convaincant. Mais ce qui gêne dans cette approche, c’est son parti-pris visant bon an - mal an, à faire des islamistes radicaux des victimes, passant par pertes et profits les déviations antidémocratiques des islamistes du temps du régime de Morsi. Je partage cette critique radicale du régime égyptien actuel, mais n’arrive pas à absoudre le régime précédent. Et c’est d’ailleurs bien le drame du peuple égyptien qui, tel Moïse, tombe de Charybde en Scilla….
Couleurs de l'incendie
Vu le film « Couleurs de l’incendie » de Clovis Cornillac ( qui joue d’ailleurs dans son film) d’après le roman de Pierre Lemaitre, avec Léa Drucker, Benoit Poolvoerde, Olivier Gourmet et Fanny Ardant. Joli film, fidèle au roman qui était déjà de grande qualité mais l’enrichissant, remarquablement joué( notamment par Léa Drucker qui s’affirme comme une grande actrice et Fanny Ardant, égale à elle-même…) pour illustrer la vengeance d’une femme qui, dans l’entre-deux guerres, se voit dépossédée d’une fortune industrielle et financière que lui avait légué son père, par le fondé de pouvoir de celui-ci, aussi malhonnête qu’ambitieux. Un très bon moment de cinéma.