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ecrits
Boulevard du Mont Boron.
Boulevard du Mont Boron.
Je devais avoir sept ans, ou à peine un peu plus, toi, tu n'avais même pas cinquante ans.
Nous marchions, main dans la main, sur le boulevard du Mont Boron;
tout près, la Méditerranée lave sans cesse les galets des plages niçoises. Nous marchions boulevard du Mont Boron et tu me disais que je devais être un gentil garçon qui devait obéir à son papa et à sa maman. J'écoutais sans savoir que, bien plus tard, à l'aube de mes soixante ans, cette promenade resterait gravée dans ma mémoire.
Tu ne te souviens de rien, je me souviens de tout:
de ton bonheur d'être avec moi, de ta voix, de tes rires, du soleil sur nos visages, du chant des cigales et de l'odeur de réglisse des haies du boulevard du Mont Boron.
Comme, toi, tu as perdu la mémoire, j'essaie de me souvenir pour deux.
Tu auras bientôt cent ans, c'est incroyable! Je suis toujours ton petit Coco qui n'a plus sept ans mais cinquante sept ans!
Mamie, à chaque fois que je me retourne en arrière, de façon inéluctable et agréable, je suis avec toi boulevard du Mont Boron.
rhum
Penché en avant, d’un geste lent il saisit la bouteille de rhum, et remplit le verre qu’il avale d’un trait.
Honoré est là, tête basse, l’esprit embrumé par l’alcool et les idées sombres qui l’habitent depuis que les engins de terrassement ont détruit sa plantation pour faire place aux bâtiments de la marina. La sueur ruisselle sur son visage, un gros insecte tourne autour de lui, l’air est pesant, un orage gronde dans le lointain, le grand bananier agite ses feuilles sous la bourrasque avec un bruit métallique, un vieux chien entre traînant ses pattes et s’effondre sur le sol poussiéreux, un gros crapaud se réfugie sous un meuble bancal. L’enfant, dissimulé derrière un sac de riz, attrape le batracien d’un geste vif et précis, fait miroiter les yeux de l’animal dans un rai lumineux. Pendant qu’il observait du coin de l’œil, le vieil homme qui s’enfonçait dans une sorte de torpeur inquiétante.
La pluie tropicale lâche ses grosses gouttes qui tambourinent sur les tôles du toit et le ciel s’obscurcit rapidement.
tic-tac tic-tac tic-tac
Il ne faudra jamais
Il ne faudra jamais croire que la terre s’est faite en un jour. C’est pourquoi Daniel dit qu’il faut sagement laisser le temps au temps. Il nous encourage à laisser la montre ou l’horloge de côté, pour vaquer convenablement à ses occupations. Ça peut être la lecture, l’écriture, le sport ou le bricolage etc. à chacun de choisir son passe-temps ! tic-tac tic-tac tic-tac
L'océan
L'océan a une maîtresse, la plage. Elle s'est parée pour lui de ses plus beaux coquillages. Séductrice et un peu impudique, elle lui montre tous ces petits cailloux comme des grains de beauté sur sa peau sablée. La plage attend la vague comme une caresse. Alors l'océan, fier de sa force, se couche sur elle en rugissant de plaisir. Puis il se retire et laisse à la plage un peu de mousse comme une promesse de revenir; car il reviendra.
Emotion forte
La mère de Benjamin s’époumone. Sur le seuil de la porte de la cuisine, elle appelle son jeune fils. Des appels de plus en plus forts qui, rapidement si rien ne vient les stopper, vont se transformer en cris, puissants et inquiétants. Déjà, en effet, dans les trémolos de sa voix, aiguë, percent des premiers signes de profonde inquiétude. C’est qu’elle a beau regarder, scruter tous les coins et recoins de la cour, elle n’aperçoit pas Benjamin. Et lui, ne répond pas non plus aux appels pressants, inquiétants de sa mère. Où peut-il être ? Où peut-il se cacher s’il désire jouer un petit tour à sa maman ? Mais voilà, à l’instant, qu’elle constate, effarée, que le portail est ouvert. Se serait-il aventurer, seul, sur la route ? La circulation y est assez intense et le danger régulier pour les plus jeunes car les véhicules y circulent, malgré quelques nouveaux ralentisseurs, à une vitesse souvent bien supérieure à la limite autorisée. Et, comme toujours dans ces cas-là, elle se met à supposer le pire... Que faire ? Réagir naturellement et sans tarder. Or, paralysée par la peur qui la gagne, elle se retrouve incapable d’avancer, de courir à sa recherche... Ouf ! Le voilà, Benjamin, souriant dans les bras de son père qui, tranquillement, referme le portail derrière eux. Quelle émotion ! Mais quelle mère n’a pas eu l’occasion d’en éprouver de tout aussi forte avec ses enfants ?
Il ne faudra jamais que tu envies autrui.
Il ne faudra jamais que tu envies autrui.
Cela ne fera que te mettre en guerre contre toi-même.
Contente-toi de ce que tu as et de qui tu es.
C'est là le seul chemin allant vers la sagesse, la sérénité, le bonheur et la paix en ton cœur.
Chacun de nous a sa part d'ombre et de lumière. Chacun obtient son lot de joies et de misères. Chacun porte sa croix.
Regarde la vie comme un cadeau. Le temps qu'elle nous offre est précieux.
Ne le gâche pas en ruminant des pensées obscures ou en broyant des sentiments négatifs. La morosité n'a pas lieu d'exister en ce monde tant que tu possèdes l'amour des tiens, que tu n'es pas seul, que tes besoins primaires sont assouvis et que tes libertés ne sont pas entravées.
Tu me diras que cela fait déjà pas mal de conditions.
Si tu sais remercier la vie pour chaque jour vécu, ton cœur s'ensoleillera par ta gratitude pour chaque instant sacré.
Besoin des autres...
Chaque fois que les voisins se réunirent sans l’avoir invité, il s’autorisa, malgré tout, à se présenter à ces fêtes de voisinage. Ne permettent-elles pas des rencontres inhabituelles par leur convivialité, des discussions plus enrichissantes que les rares congratulations quotidiennes ? Aussi, en apportant lui aussi quelques mets (faits maison) et deux bouteilles, il s’ajouta, chaque fois, au nombre des convives avec une bonne humeur bienveillante et sans tenir compte du fait que personne ne l’avait invité à participer. Ce qui, naturellement, ne l’empêchait nullement de s’interroger sur ce comportement, cette attitude. Était-elle collectivement concertée ou bien, était-ce une erreur, un oubli comme il s’en produit inévitablement lors de l’organisation de manifestations, même festives, chacun comptant aussi sur l’autre ? Personne, non plus, ne trouva à redire ou à lui faire quelques remarques plus ou moins désobligeantes. Au contraire, toujours, les échanges avec les uns et les autres furent non seulement courtois mais empreints d’une sympathie remarquable, d’une amabilité contagieuse. Ainsi, il finit, lui-même, par se poser quelques questions sur son propre comportement. Ne serait-ce pas lui, d’abord, qui serait responsable de cette réserve, cette tenue à l’écart ? Au fil des semaines, des mois, n’aurait-il pas, lui-même, tendance à vivre dans son cocon, ignorant quasiment les habitants du quartier, du village ? Refuserait-il, plus ou moins inconsciemment, à s’intégrer, à contribuer à la vie collective de sa commune ? Pourtant, pour s’épanouir, se réaliser, vivre agréablement, les êtres humains n’ont-ils pas besoin les uns des autres ?
