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J'étais sous le feu de l'ennemi...

16 Avril 2024 , Rédigé par PN Publié dans #Ecrits

L’espoir fait vivre.

J’étais sous le feu du tir ennemi.

Il faut que je vous explique.

Je suis soldat.

Mais un soldat de l’humanitaire.

Oui, je sais, les mots peuvent vous paraître incompatibles.

Et pourtant, il n’en est rien.

Je suis conducteur de poids lourds dans le civil.

Je voulais donner un nouveau sens à ma carrière.

Avec le conflit israélo-palestinien, j’ai voulu me donner un nouveau cap.

J’ai vu passer une offre : « Cherchons chauffeur permis poids lourds pour convoyer aide humanitaire ».

Et j’ai candidaté.

Je voulais donner de l’espoir à ces gens.

Et aujourd’hui, c’est moi qui en manque.

Je suis terré avec eux.

Mon camion a été détruit et avec lui toute l’aide humanitaire que je convoyais.

 

Quand le désespoir m’envahissait, je m’accrochais un peu plus à mon volant comme un naufragé se cramponne à la première bouée après avoir sauté à l’eau.

J’étais un peu dans la configuration du naufragé.

Au début de chaque convoi, le passage des avions de chasse me faisait penser au naufragé qui, voyant le navire chavirer, saute à l’eau avant qu’il ne se retourne et soit englouti.

Il me fallait m’accrocher en dépit de mes mains moites qui rendaient le volant glissant alors même que je devais éviter les nids de poule sur cette route défoncée.

Depuis, j’ai tout le temps un volant à côté de mon lit.

Et quand je sens le désespoir sur le point de me submerger, je le cherche dans l’obscurité et je me cramponne à lui en fermant les yeux pour emprisonner mes larmes.

 

Comment donner de l’espoir aux jeunes ?

 

Peut-on espérer à la place des autres ?

On ne peut donner de l’espoir aux autres si l’on est pas à leur écoute.

Car leur espoir n’a peut-être rien à voir avec le nôtre.

Quand ma mère m’a senti désespéré après cette rupture amoureuse, elle a tenté – bien maladroitement, je dois le dire – de me convaincre que d’autres étaient plus malheureux que moi sur cette Terre.

Mais je me moquais bien des autres.

Le désespoir, c’est une paire de lunettes pour myopes, pas une paire de binocles qui permet de voir loin et d’imaginer l’espoir.

Je me suis rendu à France Travail, j’ai consulté les offres d’emploi, pas pour chercher un boulot, mais pour me changer les idées.

Les miennes étaient couleur d’encre.

Je suis tombé sur cette offre d’emploi aussi étonnante qu’inattendue : « cherchons chauffeur poids lourds pour convoyer de l’aide humanitaire. Le poste est exposé car en zone de guerre ».

L’espoir est un doigt qui pousse la sonnette au moment le plus inattendu.

Pour me donner envie, il fallait que je parte d’ici, de ces lieux où j’avais tant de souvenirs avec Sophie.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, me retrouver en zone de guerre pour conduire un camion et apporter de l’aide humanitaire constituait l’espoir de m’en sortir enfin.

Cela me permettrait de fixer mon esprit ailleurs.

D’ailleurs, entre nous, l’espoir, ce n’est rien d’autre que déplacer son esprit dans un univers inconnu.

Et j’allais être servi.

J’avais besoin d’apporter de l’aide à des gens qui me remercieraient, qui me feraient comprendre qu’ici, je servais encore à quelque chose.

Alors, j’ai candidaté.

J’ai été retenu.

Et me voici à nouveau au volant d’un camion.

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